Jacques GOLDNADEL

A l’occasion de la remise de la médaille des « Justes parmi les nations » à celle qui lui a probablement sauvé la vie, Jacques Goldnadel revient sur l’histoire de ses parents et sur les circonstances de son sauvetage.

Mes parents Ber GOLDNADEL et Rivka Regine née KONSTABLER sont nés à Varsovie.  Mariés, il ont immigré en France et résidaient route d’Aunay à Vire. Commerçants en prêt-à-porter, ils  avaient un magasin rue Chaussée à Vire avant la guerre… A cette période les déportations visaient surtout les hommes. Mon père, ayant une santé précaire, a été accepté dans un sanatorium à Dreux où il a séjourné jusqu’à la Libération. Maman tenait le magasin et s’occupait de moi. Un soir, les gendarmes de Vire accompagnés de la Gestapo ont sonné à la porte. Ma mère m’a caché précipitamment et j’entendais apeuré qu’on la questionnait sans ménagement pour savoir où se trouvait mon père. Elle a résisté à l’interrogatoire, ne divulguant pas l’adresse de mon père. A leur départ, ils lui ont dit de bien réfléchir et qu’ils reviendraient le lendemain. Sans perdre de temps, elle a appelé sa vendeuse, Mme Madeleine Herbert, et a fait ma petite valise. Et je suis parti avec cette personne qui m’a conduit dans sa famille, dans une petite ferme chez Monsieur et Mme Papillon (sa sœur et son beau-frère) à Mortrée. Je suis resté deux longues années n’ayant aucune nouvelle de mes parents. Il y a eu une dénonciation. Je fus une nouvelle fois éloigné et Madame Herbert m’a conduit à Guéret dans la Creuse par le train, prenant beaucoup de risques et me faisant passer pour son fils. Pendant plusieurs années, Mme Herbert et la famille Papillon ont pris des risques au péril de leur vie, car ils hébergeaient un Juif. J’ai appris que ma maman a été arrêtée le lendemain à Vire et internée au camp de  Pithiviers puis déportée à Auschwitz. Elle est décédée dans ce camp le 7.08.1942. Elle avait 35 ans.
Je n’ai plus eu de maman à partir de ce jour.

Jacques GOLDNADELoctobre 2011