Mieux réaliser ce qu’est la Shoah

Notre périple a commencé le 9 avril. Nous sommes partis de Vire pour aller à Paris, et plus précisément à Drancy. Drancy et les premières interrogations qui vont avec. Drancy m’a toujours intéressée, étant le lieu incontournable dans la déportation des Juifs de France vers Auschwitz. Comme beaucoup de monde, je croyais que cette cité était restée telle quelle, un lieu de mémoire que l’on pouvait visiter pour nous imprégner, nous imaginer les conditions de vie des détenus et même parfois retrouver des morceaux de mur gravés par les Juifs avant d’être déportés. Or, une fois sur les lieux, grosse surprise : je vois que les bâtiments d’origine de cette cité sont habités, que la vie a repris, là où 70 ans avant des Juifs ont étaient envoyés vers la mort. Alors plein de questions ont surgi : pourquoi cette cité a-t-elle servi à la détention de Juifs alors quelle se situe en plein Paris ? Pourquoi est elle encore habitée ? Les gens savent-ils que dans ces lieux des choses atroces se sont passées ? Pour seule réponse, une statue, des plaques commémoratives et un wagon.

Puis notre voyage a continué en Pologne, avec dans un premier temps Lublin et le Teatr NN. Pour la première fois du voyage, je me retrouvais sur les lieux vus en cours et dans la ville de la famille Augier. La visite de la ville et du Centre Bram Grodzka m’a permis de me reconstituer ce qu’était la ville avant la Shoah et de prendre la mesure du nombre de Juifs qui ont perdu la vie à Belzec.

Belzec, je crois que c’est un des endroits qui m’a le plus choqué ! J’ai essayé de me mettre à la place des Juifs, de me reconstituer le camp… J’étais dans un endroit où des milliers de Juifs ont étaient assassinés. Le plus marquant pour moi a été le couloir qui menait au monument mémoriel, puisqu’il représente le couloir vers les chambres à gaz, vers la mort. Il y avait une espèce de malaise, de froideur, de silence qui m’a bouleversée dans ce couloir. Je me suis mise dans la peau d’un déporté, et la sensation m’a marquée. Il y avait également toutes ces pierres, et plus précisément la différenciation de couleur, qui selon si elle était grise ou noire, témoignait qu’en-dessus une fosse de cadavres avait été retrouvée. Belzec contrairement à Majdanek est un lieu où j’ai moins réalisé ce qui s’est passé, puisque tout a disparu. Néanmoins, il m’a plus touchée et bouleversée que Majdanek.

A Majdanek, dès la sortie du bus, je me suis cru dans un film. Le décor que j’avais sous les yeux était exactement ce que je m’imaginais du camp, avec ces barbelés, ces tours, ces baraquements alignés… Une fois à l’intérieur du camp, tout ce que l’on a vu en cours depuis des années était devant nos yeux, ce qui nous a permis de comprendre et de mieux réaliser ce qu’est la Shoah. On s’imagine toujours comment est une chambre à gaz, ou encore les baraquements, les piles de chaussures, ou les lits. Majdanek a vraiment permis d’illustrer ce que l’on voit dans des films et de comprendre comment était organisée la vie dans le camp.

Pour finir, si je devais faire le résumé de ce voyage, je dirais qu’il a permis de répondre et d’illustrer ce que l’on voit en cours ou ce que l’on entend chez nous, à la télévision depuis notre enfance. Il a aussi permis, même si c’est difficile, de se mettre à la place des victimes (et notamment à celle de Dora et sa famille).

Hélène Levesque