L’horreur dessinée sur des pierres

Durant ce voyage retraçant le parcours de ces victimes de la Shoah, j’ai tout d’abord pensé que cela serait un voyage plutôt agréable, malgré ce poids écrasant de l’histoire de l’extermination juive…

En arrivant sur les lieux à l’aéroport, rien ne laissait paraître un tel désastre… comme si on avait essayé de cacher cette histoire aux populations locales, comme si une certaine honte pesait sur elles. Je me demandai d’abord pourquoi tout ces gens baissaient le regard en nous voyant arriver… Puis nous sommes allés visiter un de ces ghettos (Lublin) ou plutôt les anciennes traces de l’un d’eux, une des premières étapes d’une mort certaine… Toutefois, seul le recul sur l’histoire nous laisse imaginer qu’une telle histoire ait pu se dérouler ici.

En arrivant à l’entrée du camp de Belzec, l’horreur se dessinait sur des pierres qui semblaient brûlées, meurtries autour d’une couleur, celle de la mort elle-même… Comment cela a-t-il pu arriver ? Et si nous avions été à la place de ces déportés ?… Cela nous conduisit à revoir l’homme et le monde dans sa globalité… avec cette empathie qui nous pesait sur le cœur. Bien que nous ne puissions totalement nous mettre à la place des victimes, une certaine atmosphère ressortait… Nauséabonde, pesante, étouffante, renforcée par la fumée produite par l’usine voisine. Toute cette rouille aux abords du camp, ces tiges métalliques comme tordues par la torture… Nous nous  avancions alors dans ce couloir morbide, comme une impasse incontournable avec ces grands murs nous surplombant et ce poids des cadavres dans les fosses frappant contre les murs pour se libérer du joug nazi.

Plus tard, nous nous sommes rendus au camp de Majdanek. Ici, l’histoire prenait son sens, nous voyions de nos propres yeux ce que nous apprenions à l’école depuis plusieurs années. Au contraire de ce que nous avions pu ressentir à Belzec, il n’y avait pas d’atmosphère lugubre… mais  la vision des chambres à gaz ou encore des baraquement illustrait effroyablement les conditions de « vie » et le processus de déshumanisation des Juifs. Ces barbelés nous faisaient penser à du « bétail » que l’on emmènerait finalement à l’abattoir pour des raisons inconcevables. Le crématorium finit de nous montrer l’horreur de cet environnement surréaliste et impossible à imaginer…

Ce voyage est sans aucun doute une expérience qui restera gravée dans ma mémoire et dans ma vision du monde et de l’humanité. Bien que je ne puisse jamais réellement me rendre compte de ces faits historiques dans leur signification exacte, ce voyage très émouvant m’aidera sûrement à surmonter des obstacles dans la vie. Cela influencera très certainement aussi mes choix dans mon futur. J’essaierai de communiquer cette expérience à mon entourage tout du moins, afin que les erreurs du passé ne se reproduisent pas dans notre futur.

Guillaume Fournier