Il n’y a pas de « devoir de mémoire »

Il n’y a pas de « devoir de mémoire ». Il y a des hommes et des femmes qui s’accordent le droit d’évoquer ou non une expérience vécue, personnelle, intime. Devant 200 jeunes réunis à Vire le 21 janvier 2014, Adolfo Kaminsky le fait avec beaucoup d’humilité, avec retenue. La parole, bien que « libérée » – comme on a coutume de dire, ne prend pas la forme d’une épopée. Par bribes, il nous donne plutôt quelques pièces d’un puzzle impossible à reconstituer. Certaines choses sont tues. Plus un mot.
Adolfo Kaminsky n’est pas un héros, même si son action fut héroïque. A travers lui, c’est une foule de personnes qui viennent recomposer un passé fait de conjecture, de hasard, de rebondissement… bien loin d’un schéma linéaire et simple que l’on aimerait adopter pour y voir clair. D’une certaine manière, sa trajectoire hors du commun aide à penser la complexité de la période de l’occupation. Elle ouvre aussi des perspectives de réflexion sur l’engagement, sur la justice, sur la résistance à l’oppression… autant d’éléments qui peuvent aujourd’hui participer à la formation d’individus « pensant par eux-mêmes », comme le dit Adolfo avec beaucoup d’optimisme.

Olivier