Le silence s’installe…

Adolfo Kaminsky : ce nom résonne dans nos esprits depuis une heure et demie et impossible de me figurer son visage. Sa vie extraordinaire a défilé sur scène. Nous en connaissons maintenant tous les actes marquants sans l’avoir jamais rencontré. Alors, lorsqu’il se lève, lorsqu’il apparaît dans la lumière, les applaudissements résonnent de cette attente, de ce respect qu’il nous inspire. Respect, pour le héros qui a survécu à l’horreur. Respect, pour le courage, dont il fait à nouveau preuve en venant nous parler. Le silence s’installe. Adolfo prend le micro. Ses phrases deviennent des images, qui demeurent gravées en moi et me reviennent comme des flashs. Drancy, où il évoque toutes ces personnes qui ont été déportées, avant de « passer au four ». L’usage de ce mot si concret me heurte. Sa lucidité est impressionnante. Vire, ville qu’il a chérie, lieu de sa jeunesse, mais également où ont sévi les lois antisémites. Il est rare que l’Histoire vienne si près de nous. Ce jour là, je me suis sentie bien plus touchée par les événements de la Seconde Guerre mondiale, que jamais je ne l’ai été. Mais ce qui m’a le plus marquée, c’est lorsqu’Adolfo a évoqué les faux papiers qu’il fabriquait, car jamais il n’a été tenté de sauver des amis face à des ennemis, il a « simplement » tenté de sauver des vies.

Claire