Les Grands hommes

Un quartier modeste, un petit appartement,

Quelques silences, qui n’ont rien de gênant.

Nous sommes là pour vous rencontrer, monsieur ;

Et combien votre témoignage nous est précieux.

Histoire d’une époque, histoire d’un lieu,

Histoire d’un homme, obstiné et courageux,

Qui, dissimulé, parvint à agir,

Humblement et dans l’ombre, résolu à servir,

La justice et la paix qui manquaient à son temps,

Au prix de longues nuits, sans répits, d’engagement.

Vous avez agi, cherchant à faire changer,

Vous avez agi, pour ce en quoi vous croyiez.

Epoque noire et sans horizon,

Apartheid, nazisme, décolonisation,

Le monde, asphyxié dans la confusion.

Vous preniez parti, et tentiez d’aider,

Les  hommes qui par l’horreur étaient terrifiés,

Comme vous l’avez été, juif discriminé,

Par un voyage à Drancy, dont aucun ne revenait.

Si aux bourreaux vous avez échappé

L’ardeur de leur haine toujours sacrifiait

Père, mère, jusqu’à l’innocent nouveau-né.

Vous n’auriez pas changé le monde,

Vos actions n’auraient pu stopper leurs crimes immondes.

Mais même effacé, rien n’est insignifiant

Chez un homme qui dépasse ses limites physiquement

Pour, d’une famille, de la mort, épargner tous les enfants.

A mes yeux le combat long et ardent

Comme vous l’avez mené, avec tant d’acharnement,

Est acte d’héroïsme, acte de dévouement.

Et la passivité qui anime ma jeunesse

Rend un hommage infini à votre largesse,

Et à tous ceux que je voudrais appeler

Les Grands Hommes, ceux qui font croire en l’humanité.


Agathe Leport