Voir réellement

La visite d’Auschwitz ? « Inattendue », « inoubliable » pourraient être deux adjectifs pour la qualifier. En arrivant, ce n’est pas du tout à cela que je m’attendais. Je pensais vraiment à un lieu sinistre, vide, sans vie où il n’y aurait que nous. Avant le voyage, j’ai plusieurs fois essayé de me représenter cet endroit. A chaque fois, je voyais une grande plaine, toute verte, vide, avec un seul bâtiment au milieu. En arrivant là-bas, j’ai alors vu que j’avais tord…

Nous avons commencé par Auschwitz I. A ma grande surprise, tous les bâtiments étaient encore là. Mais en entrant dans ce camps, j’ai tout d’abord ressenti du « respect », je ne pouvais plus rire ou même sourire comme avant, à l’extérieur. Ce n’était ni l’endroit, ni le moment. Pour rendre hommage à toutes ces personnes déportées, je ne pouvais plus me le permettre. Le respect et la mémoire de ces personnes passaient avant tout. Je ne faisais que penser à elles, en essayant de me représenter ce qui s’était passé dans chacun des endroits de ce camp. Certains étaient très marquants, mais le plus saisissant était pour moi les vitrines, remplies d’objets, de biens ayant appartenu aux personnes. Voir tous ces cheveux, toutes ces chaussures, toutes ces valises, cela m’a vraiment fait un choc, m’a vraiment surpris et touché au plus profond. Lorsque l’on voit que tout un grand couloir est rempli de chaussures d’hommes, de femmes, d’enfants, nous percevons alors le nombre qu’ils pouvaient être et cela fait naître un sentiment de peine pour ces personnes mais aussi de haine pour les gens coupables de ces actes. Puis nous avons visité d’autres bâtiments, vu des lieux de « vie » des détenus, mais aussi le mur d’exécution, le block 11… Tous étaient aussi impressionnants, aussi touchants. Nous avons continué notre visite jusqu’à arriver à la première chambre à gaz mise en route dans ce camps d’Auschwitz I, et la seule étant encore « debout ». Au départ, lorsque nous étions devant, la guide nous a parlé de cette chambre à gaz et pendant qu’elle parlait, d’autres personnes sortaient et alors j’ai vu une dame en sortir, en pleurs. Là, je me suis vraiment demandé ce qu’il y avait à l’intérieur. Cette dame devait sûrement avoir un proche qui avait été déporté dans ce camp. Je me suis alors senti mal et désolée pour elle. Puis nous sommes rentrés. Sur la droite se trouvé une grande salle, vide. La salle de « meurtre », où les déportés étaient tués. Un trou au plafond ? « L’arme du meurtre ». C’est par ici qu’était déversé le Zyklon B… Puis nous avons continué le chemin. Nous sommes passés dans la salle d’à coté. Le crématorium. Les fours, les chariots … Ce lieu montrait réellement le massacre qu’il y avait eu. La façon dont ils étaient tués… le lieu de leur mort… ressentir, de plus, le fait que des personnes (même si elles ont été moins nombreuses dans cette chambre à gaz) aient été tués dans cet endroit, entre ces murs… ce lieu m’a vraiment touchée, vraiment marquée, vraiment chamboulée. Puis la visite d’Auschwitz I prit fin.

On s’est alors rendu à Auschwitz II (qui se trouve à 2 ou 3 km d’Auschwitz I). L’entrée était grande. Une allée, de plusieurs centaines de mètres, se trouvait devant nous. Cette allée était constituée d’herbe, de chemins, de rails et d’un wagon. A droite de cette allée, une rangée de bâtiments, alors que tous les autres avaient étaient détruits. Ces bâtiments – ou plutôt ces baraquements – étaient les lieux où se trouvaient les déportés. On a visité dans un premier temps les latrines, puis un baraquement où se trouvaient les lits des internés. Cet endroit est à voir pour pouvoir s’imaginer tous ces gens, « empilés » les uns sur les autres, nombreux, dans un lieu rempli de châlits, sans aucune autre place pour se déplacer, pour vivre. Nous avons continué la visite, vu le lieu de recueillement, de commémoration, où il y avait ces plaques écrites en plusieurs langues : « Que ce lieu où les nazis ont assassiné un million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants, en majorité des Juifs de divers pays d’Europe, soit à jamais pour l’humanité un cri de désespoir et un avertissement. Auschwitz-Birkenau 1940-1945 ». Ce fut un lieu très touchant, des mots marquants et significatifs. Puis, nous avons vu les deux chambres à gaz, toutes deux détruites. C’est très dur de se représenter, de s’imaginer, de voir comment elles pouvaient être. Sans cette représentation, il est alors difficile de s’imaginer les déportés amenés dans ces lieux. Nous avons ensuite continué, nous rendant au bâtiment où avait lieu la réception des nouveaux convois, où les personne étaient déshabillées, désinfectées, etc. A la fin de se bâtiment se trouvait une pièce dans laquelle figuraient des centaines de photos retrouvées dans une valise lors de la libération du camp. Toutes ces photos, affichées dans cette pièce, étaient très touchantes. On pouvait y voir des jeunes enfants, des personnes âgés, des hommes, des femmes, des familles. Tous avaient le sourire. On se dit alors qu’avant d’arriver dans ce camp, ils étaient heureux, ils avaient une famille, une belle vie et qu’après, ils ont perdu tout cela … Enfin, nous avons vu des fosses où étaient versées les cendres des victimes, un lieu où se trouvent encore des objets des déportés… Tous ces lieux visités dans ce camp d’Auschwitz II étaient tous aussi marquants, chacun à sa façon.

Cette visite d’Auschwitz m’a beaucoup intéressée, m’a beaucoup touchée, émue. Je ne peux pas dire que cela ai vraiment changé quelque chose en moi, si ce n’est qu’elle m’a montré, ou même affirmé l’idée que les Hommes de ce monde peuvent être cruels, sans âme. Je repense souvent à ce lieu. Et j’espère que jamais quelque chose d’aussi cruel n’arrivera de nouveau. Alors, pourquoi ce rendre à Auschwitz ? Je dirais que pour y aller, il faut avant tout en avoir envie. Ensuite, s’y rendre vous permet de voir réellement ce qu’est ce lieu si connu, si important dans notre histoire. Y aller vous donnera aussi peut être l’envie de faire perdurer et de faire suivre cette histoire aux générations futures… pour que tout le monde se souvienne.

Aurore Chardon